Samedi 10 & Dimanche 11 Juillet 2021 | SORTIE DE REPÈRAGE, SEUL


Divagations forestières


Sorties, seul du samedi 10 et dimanche 11 juillet 2021.

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Suis allé dans le bois en cette fin de semaine, sur les traces de ceux et celles que j’ai accompagnés depuis l’automne dernier.

 

Mélange : dans le désordre de mes souvenirs qui entremêlent les uns et les autres.

 

Je pointe consciencieusement des points GPS sur le smartphone : le plus bel arbre du monde, la passerelle refaite, la cascade, la cabane à côté du parking, la grille ouverte, la digue cachée, le passage mystérieux dans Cosquelou… Commence alors à se dessiner une carte constellée de lieux qui me font appréhender un autre bois, pas la géographie de l’endroit, mais des rencontres avec des coins où les lieux sont dits, montrés, éprouvés, palpables. Est-ce que je me repère pour autant, ou bien je me perds dans une forêt de signes, qui sont autant de souvenirs d’instants partagés ?

  


 

Ma tête parfois divague, mélange souvenirs de temps et de lieux qui se superposent au bois de Beauport, mais les pieds éprouvent aussi les leurs, sensations retrouvées aux glissements dans la boue de l'hiver pluvieux (il pleut tant à nouveau !), des pas qui ralentissent aux montées et freinent dans les descentes parfois abruptes, hors pistes. Et les chemins qui allongent les foulées ou jouent les montagnes russes… Nos sorties dans l’hiver, puis au printemps, ont joué des variations du bois comme d’une partition de boue, de feuilles et de branches, que nos pas ont joué au rythme de nos enjambées, ponctuées d'arrêts fréquents : bruissements des feuillages, frottements et raclements des chaussures ; silences de l’ouïe et des yeux.

J’aime suivre l’eau, et qu’importe dans ces moments que ce soit le Correc ou le Samson, le chant des cours d’eau m’entraîne dans ces méandres foisonnant de végétation luxuriante, la lumière s’y dépose plus généreusement qu’ailleurs, les arbres s’y couchent plus facilement aussi, enchevêtrant pèle-mèle en jungle la flore des vallons.

 

Quand je remonte, le pas s’alourdit, mais je prends de la hauteur, et je retrouve des pins maritimes dressés au ciel, comme s’il n’en avait jamais assez de boire le soleil ; je quitte alors les sentiers trop fréquentés, détrempés, malaxés à la roue de vélos, à la chaussure des marcheurs comme à celle des coureurs, sans oublier, parfois, le fer des chevaux qui fouille plus profondément encore. Le sol est mis à mal. Mes pieds cherchent le réconfort ; ils m’entraînent dans un sous-bois clair où le pulluche couvre le sol d’un tapis moelleux encore odorant.

 

 


  

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Mais tous ces points enregistrés, ne devraient-ils pas s’augmenter des ambiances ressenties, à la lumière, au son de l’eau comme à l’odeur fongique d’un sous-bois ?

Ne pourrait-on pas imaginer qu’ils viennent déjà consteller le ciel de la salle des rencontrés, dans la maison 33 ?

Et puis, finir par dresser une autre carte du bois...

 

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