Samedi 9 janvier 2021 | CATHY



la recherche des mousses et des lichens d'antan

Notes pour Cathy Le Cam, Bois de Beauport, 14:30.

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Cathy me prend sur le parking devant l'Abbaye, m'emmène au bois par le chemin des Bruyères, non loin de chez Josette. Elle se souvient, il y avait différentes sortes de mousses et des lichens broussailleux qu'ils récoltaient pour faire la crèche à l'église de Kérity. Elle a toujours admiré ces plantes. C'est un souvenir précieux.

Ses parents étaient commerçants, et avec les autres de la grande rue, avant la noël, ils s'y mettaient tous. L'un d'eux venait couper des sapins dans le bois. A ce moment là, ils partaient avec leurs mannes pour les remplir de mousses et de lichens. L'après-midi, ils les installaient dans l'église.


Marcher, chercher les endroits des récoltes, ne rien trouver, le bois a changé, des pins ont été coupés, le sol est recouvert de branchages, le sentier n'est plus reconnaissable. Elle avance à la recherche de repères. A la sortie de la zone des pins, elle reconnaît le chemin, l'ambiance des feuillus dénudés, et nous marchons dans un espace balisé, le bord du chemin est couvert de mousses fines. Le sol devient trempé, de l'eau s'écoule et nous pousse à adopter des stratégies d'évitement. Couple avec chien nous dépasse… Maintenant le bois se ferme, le houx assombri l'espace que nous traversons, il règne. Cathy commente, attentive aux ressemblances et aux écarts avec ses souvenirs, elle semble chercher en elle un passé devenu lointain, elle hésite, cela fait un moment qu'elle n'est pas revenue par ici : là, dans cette clairière, se tenait la maison d'un sabotier… et cette faille, je ne la connaissais pas… on dirait que ça s'est effondré.



Elle me dit qu'on se dirige vers la cascade, l'étang de Danet. Lorsqu'elle était jeune, il se disait «on va au Danet !». Maintenant nous arrivons sur une cabane de branchages, en la dépassant, je la reconnais, nous l'avions abordée sous un autre angle, en novembre dernier, avec Olivier, Gilles, Mireille, Laetitia et Frédérique.  

Descendre vers l'étang, le son de la cascade s'amplifie. « Là, à gauche, il y avait un houx à boules rouges ; celui-là... il en a pas beaucoup en ce moment. » En arrivant, se pencher vers l'eau bouillonnante, l'étang s'empresse de jaillir au travers de l'arcade médiévale… Traverser la digue. Observer alentours, sortir sur la route de Cosquellou, humer les lieux, revenir. Cathy m'explique : quand on était petits c'était grillagé autour, on ne pouvait pas approcher l'étang, c'était privé ; il y a 50 ans le vieux n'était vraiment pas sympa. Elle me confie avoir arrêté de venir à l'étang lorsque, un dimanche, avec ses enfants ils s'étaient retrouvée face à un fusil pointé dans leur direction.


Remonter le long de l'étang, puis le coteau et retrouver la route, le chemin des Bruyères, suis surpris d'être retombé si vite dessus. Croiser un homme accompagnant son chien. Cathy l'interpelle, elle pense l'avoir reconnu malgré le masque : « Philippe ? » Ils se connaissaient enfants. Il habite maintenant Cosquellou, près du Danet. C'est un coureur, il fait partie du club des 'Bigorneaux coureurs du Goëlo'... Ça me fait sourire. Le Goff qu'il se nomme, ses parents tenaient un café restaurant et son père faisait taxi. Philippe est d'accord pour que nous nous revoyons, une belle rencontre en perspective... Au loin, approche un couple d'anciens. Arrivé à notre hauteur, les Kéritiens se saluent, ils déclinent leur nom, leur généalogie, Le Corre qu'ils se nomment, ils habitent juste un peu plus loin, nous marchons de front jusqu'à leur entrée, ça fait 51 ans qu'ils habitent cette maison ; l'homme allait toujours dans les bois, faire de la cueillette, pêcher. Maintenant, ils ne sont plus assez vaillants, je ne pense pas pouvoir les revoir facilement, à la difficulté de marcher, s'ajoute une surdité qui rend difficile la communication.



Retour à la voiture. Joie ! Sur le bord du talus, les lichens. Cathy se régale, se penche, les touche, la voilà réconciliée...