Vendredi 30 avril 2021 | MALOU


Promenons-nous dans les bois...

Temps ensoleillé et frais, quelques nuages...

Notes pour Malou Hue,
vendredi 30 avril, à 9h45 sur le parking en face la crêperie

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Cheveux blancs, vêtue de rouge, Malou arrive sur le parking, elle habite vers l'église de Kérity, enfin, pas très loin.

C’est Anne-Marie qui m’avait donné le contact. Malou ne s’est pas fait prier. D’emblée, me raconte que ses grands parents maternels habitaient Kérity même, ils étaient agriculteurs au Runiou, sont « partis » (décédés) quand elle avait 10 ans. Malou, elle, c'est une paimpolaise. Ses grands parents paternels avaient une voilerie à Paimpol, puis après ses parents... C'est sa sensibilité maritime. Elle habite Kérity, mais, elle se sent paimpolaise.

Au niveau de l'entrée du parking du vallon, ne tourne pas, elle m’emmène un peu plus loin, à côté de la maison « rose », une autre entrée, celle-ci se faufile entre des maisons : c’est là son point de passage. Me dit qu’elle venait au bois avec les grands parents maternels, uniquement en fin d’automne ou en début d’hiver.

« Pourquoi ? »

« En été, c'était la mer, la plage, le bateau, avec le voilier du grand-père (paternel). Dès février, on allait aux grandes marées, à la pêche. En novembre, les ballades au bois. C’était d'abord pour repérer de la mousse et du houx, puis en décembre on allait en récupérer pour les fêtes de noël, les parents s’occupaient du gui. » Nous en prenions aussi pour les grands parents paternels, pour leur crèche ; elle occupait une demi pièce, « de la cheminée à la fenêtre ! ». Il y avait bien d’autres bois ailleurs, mais c’était toujours à celui de Beauport qu’ils allaient. Ses grands parents maternels possédaient une petite parcelle de bois, elle s'en souvient pas bien, peut-être pour se chauffer.



 

Malou s’arrête, lorgnant sur notre droite : « Tiens, encore des primevères, d’habitude, c’est plus tôt. »

Elle ne vient pas toute seule dans le bois. Elle, c'est la mer qu'elle préfère. L’été, elle se baigne toujours, avec Marie Annick Baron, une des irréductibles baigneuses de Cruckin. Maintenant, quand elle va au bois, c'est toujours avec ses petits enfants, aux vacances de février. Peut-être que ça lui rappelle son enfance, en tout cas, une pratique ancrée en elle. Comme nous aujourd'hui, ils vont s'y balader. Ils ont entre 6 et 12 ans, prennent toujours le même chemin, c’est tout près de chez elle.

« Ils font des cabanes ? »

« Non, mais ils courent, ils se défoulent... »

Elle se tourne vers la parcelle où sont les moutons : « avant, il y avait des ânes. » 

En voit un, puis deux…

« On y vient le matin, il y a de la quiétude, pas trop de bruit, les oiseaux qui se réveillent, des fois un écureuil ; même avec une petite pluie ou des vents d'est, c'est abrité dans le bois. »

« Ce chemin, j’ai l’habitude de l’emprunter, il est bordé de cailloux ; pour moi, c’est un chemin creux, il menait peut-être à Kerfot , devait être important. »

Malou s’arrête à nouveau, regarde la pente avec insistance : « là, encore une pollution, les gens laissent traîner, je comprends pas ; quelque fois on trouve des canettes, c’est pourtant pas compliqué de les ramasser. » Ici, elle pense que c’est une casserole… ça m’interroge quand même. Je rebrousse chemin, je grimpe laborieusement, en avoir le cœur net : « c’est une conserve, une grosse... » Arrivée là comment ?

 


 

Reprendre le cours de notre marche, sommes rapidement arrêtés : sur la droite, Malou me désigne le coin préféré des enfants, le trou, ils aiment bien jouer dedans, une ancienne carrière sans doute. « Je les regarde, je me cache aussi, derrière les arbres, ça les amuse. » Malou est joueuse. Je regarde les arbres et lui demande lesquels, m'en montre un, celui sur le bord du chemin, un bien gros, « mais les enfants grandissent, cette année n’ont pas joué... » Ce temps est peut-être révolu.

 

 

Le chemin bifurque, elle prend à gauche ; en contrebas, je vois le passage qui mène à la parcelle où sont les moutons et les ânes (sans oublier le bouc). Me raconte que « les gens des hameaux au-dessus, Lande-Colas ou le Runiou venaient à l’école de Kérity , à pied, par le bois et prenaient le chemin bordé de cailloux, enfin, c’est ce qu'elle entendu dire par les anciens. 

 

 

 

Avec ses petits enfants, elle prolonge sa promenade jusqu’au petit pont, puis ils retournent sur leurs pas... 

Un arbre entrave la marche, barre le chemin, il en a entraîné un autre… On s’est arrêtés pour regarder autour, Malou me confie : « ce qu’il y a de magnifique, c’est les feuilles qui poussent en ce moment, c’est tout ce mélange des verts, et les couleurs, la lumière... » 

 



Je lui montre le petit pont que j’ai emprunté avec Lucie, me dit que ce n'est pas celui-là, un autre plus loin… Je regarde l’heure, on n’aura pas le temps d'y aller, Malou à un rendez-vous, falloir rentrer. Me dit que de toute façon ce petit pont est le même. Alors, elle raconte qu’avec les enfants, vont jusque là, traînent un peu, jettent des feuilles dans l’eau du Samson, puis s’en retournent ; mais il arrive qu’ils se séparent en deux groupes, les plus âgés poursuivent en remontant, font une boucle… Les petits, pas facile pour eux, ils fatiguent, pour ça qu’ils rentrent. 

 

Retrouver l’arbre tombé : doit pas y avoir trop longtemps dit-elle, « la terre n’est pas sèche ». contourner les branches, passer sous le fût de l’arbre… Longer la parcelle du vallon, s’arrêter regarder, notre œil est happé par la profondeur, la lumière éblouissante, les verts tendres. 

 

 

 

En poursuivant, Malou me montre un trou dans le talus forestier, « on dirait un trou de renard, mais j’y connais rien », je ris, « tu imagines un renard là dedans, c’est trop petit, aucune marque d’usage… », je sens la petite fille pas loin qui se raconte des histoires.

Me dit aussi, ils aiment bien se promener du côté de Saint-Barbe, derrière la chapelle, « en été c’est magnifique, il y a des couleurs : des champs d’hortensias ». Lui dit que j’y étais allé aussi avec Cathy Le Cam, elle m’avait montré. Cathy ! Ça lui évoque le temps où les parents Le Cam tenaient une boucherie, alors se prend à me raconter les commerces quand elle est venue habiter à Kérity, ça fait 40 ans, le bourg était vivant. 

 

Malou s’arrête brusquement, « oh, une musaraigne, on ne l’a pas vue tout à l’heure, morte, un animal a dû la déposer là ? » Des fois certains prédateurs n’aiment pas, « pas à leur goût », ou alors, on en aurait dérangé un ? Pas d’explication… Mais ce n’est pas une musaraigne, trop gros, museau trop dissemblable. « C’est quoi alors ? Pas une souris, trop gros, un campagnol ? » Ressemble pas. Malou est intriguée par cette rencontre, c’est comme une apparition.

Un homme arrive en courant, nous l’observons, d'une foulée, enjambe l’animal ; sans se le dire, je sens que cela nous aurait attristés qu’il l’écrase. 

 

 

10:50, nous sommes de retour, Malou retourne chez elle, la circulation la dissuade de traverser, elle longe, je la regarde observer les voitures, calculer quand elle va pouvoir se lancer, finit par disparaitre de ma vue. 

Notre rencontre fut courte mais dense. On se reverra à la maison 33…