Vendredi 4 décembre 2020 | JACQUES, ANNE-MARIE et JOSETTE, GRÉGOIRE

3 sorties sur le domaine,
en quête du bois de Beauport

___

Notes pour Jacques, de l'Abbaye, Josette avec Anne-Marie, et Grégoire.

Grêle, mer laiteuse et ciel chargé, bois détrempé, le ruisseau Correc pisse dru, l'étang de Beauport menace de déborder, des vues s'ouvrent sur l'anse de Beauport, en bas, bernaches au bord de la mer, champ d'obiones parcouru de lacis d'eau ; de l'autre côté de la départementale, passer d'un vallon à l'autre, pieds humides et boue des chemins, l'eau ruisselle dans le fond des vallées, des pâtures ouvertes au ciel, longer un mur ancien le long du Saint-Samson, éventré par des arbres tombés, socles arrachés, racines au ciel, hâter le pas pour retourner à Kerity, prendre la grande rue et l'entrée de l'Abbaye. Fin des rencontres.

____________

Première sortie, le matin, sur le domaine, avec Jacques,
Responsable du Service environnement et jardins, Garde du littoral / se retrouver vers 9h.

Jacques m'embarque sans façon dans une présentation des lieux, ne lui donnant pas de direction particulière, il m'entraine vers le belvédère... rejoindre le GR34, longer l'enclos d'une pâture, ou comment entretenir le site qui se ferme ; ouvrir des vues sur l'estran et l'Abbaye, en coupant dans les arbres ; signaler la falaise qui s'effondre, prévenir : un panneau qui pose problème, il attire plus qu'il ne dissuade ; anticiper la suite en modifiant le passage du chemin, laisser s'épaissir une haie comme garde-fou ; changer le plancher du belvédère qui est glissant... Jacques ne s'ennuie pas et s'enthousiasme pour les taches qui améliorent l'accès du domaine. Marche rapide, sourire généreux, il me devance, se retourne, m'attend, me raconte les lieux, ses projets, ses inquiétudes... 

Mais avant de rentrer, il m'entraine vers l'eau, enfin, celle de l'étang de Beauport qui lui cause tant de soucis : l'eau monte, le flux est puissant, menace d'inonder la maison de l'étang. Traverser la route, enjamber la barrière, descendre ouvrir plus le passage de la vanne. Il surveille, la surverse ne suffit pas. Il connait les risques encourus par les ouvrages. Redescendre vers l'estran, regarder l'eau qui jaillit pour se jeter vers la mer toute proche. En approchant de la digue, l'eau s'accumule près du passage d'eau de la roselière. Jacques me raconte l'atterrissement d'une des roselières, son enfrichement, l'entretien qu'il faudrait faire... Tout un programme. Contrariété. Jacques ne baisse pas les bras. Jamais. Son énergie est palpable. Retour par la  digue. Musaraigne morte. Remonter et fin : long le mur du domaine, j'admire les Carex pendula qui s'épanouissent le long du ruisseau Saint-Samson. 

Jacques s'en va poursuivre ses activités.





 
 
  
 




 

 

 










 
____________

Deuxième sortie du matin, à la rencontre de Josette Conan, avec Anne-Marie Le Marec, chemin des Bruyères, 10:45.

Remontons à pieds le chemin des Bruyères, en fait c'est tout près de l’Abbaye… 

La mer a pris des couleurs étranges, d’un bleu-vert laiteux, ciel sombre, menaçant.

Josette nous attend, sa voiture, portière ouverte. Elle nous explique qu’on va longer le bois, et qu’elle va nous montrer. Marche mal en ce moment, sa hanche…

Juste un peu plus haut, le bois à gauche, une entrée du bois : « la clairière » comme elle l’appelle, où elle jouait à la pétanque en faisant le tour de l’endroit avec d’autres enfants… Elle habitait à côté, « c’était un usage domestique » pour eux. De 8 à 12 ans les enfants du bourg venaient là, dans le bois, pour jouer au gendarme et au voleur, des souvenirs merveilleux. On allait chercher des châtaignes, et avec le père, les girolles. On gambadait dans le bois. Se souvient aussi, pour le bac, elle allait réviser là, c'était l’époque où elle écoutait « Radioscopie » de Chancel… 

Là, le bois est tout chiffonné, des pins coupés, des branches partout, elle aime pas. Pourquoi laissent-ils tout ça en désordre ? On ne peut pas marcher dedans. 

Aujourd’hui, avec le confinement, elle se contente de faire un tour dans le bois, avec sa chatte qui la suit… Elle fait le grand tour ou le petit tour. Il y a plein de sorties le long du chemin des Bruyères.

S’arrêter. Regarder. Redémarrer... Sommes presque au bout. 

11:20, Traou Briand, puis « le quartier du Savazou ». Josette nous fait faire le détour pour retourner. Un fois garée, elle nous propose de poursuivre chez elle. Une grande maison à étages : une vue généreuse s’offre sur l’anse de Beauport. La mer n’a pas changé, le ciel non plus… Ça sent la pluie tout ça.

Josette nous raconte qu’elle a enseigné en Mauritanie, puis en Nouvelle Calédonie ; avec son mari, ils ont bougé... Et puis, avec la retraite elle est revenue, a pu racheter cette maison, celle-là même de ses parents, à côté du bois : un attachement. 

De juin à septembre, elle va sur la côte, se baigner, profiter du temps, à la cale Saint Riom. Elle y allait un temps avec le vieux vélomoteur de son père, et maintenant, Cruckin, avec un groupe de baigneuses. Avec le changement de saison, l’arrivée de l’automne, c’est le temps des bois, des marches…

Quitter Josette, redescendre vers l’Abbaye en laissant le regard se perdre dans le ciel-mer, je ne m’en lasse pas.



 
 




____________

Troisième rencontre, l'après midi, avec Grégoire Leschallier, se retrouver en bas du chemin des Bruyères à 14:15.

Anne-Marie m'accompagne, fait le lien. M'avait dit que Grégoire était jogger, qu'il avait l'habitude du bois de Beauport. 

Il arrive sous son parapluie, le temps est gâté.

Remonter le chemin des Bruyères (décidément...).

Croiser Jérémie portant des piquets. Inattendu. Il redescend vers l'Abbaye.

Longer le bois, puis bifurquer sur la droite et descendre vers le ruisseau Saint-Samson.

 



Grégoire explique au fil de la marche, montre ses repères, l'arbre parapluie, un if qui sert de couvert lorsqu'il pleut, l'état des arbres, ceux qui sont tombés, les espaces ouverts, des prairies humides au fond du vallon, de l'embroussaillement, des animaux de pâture... De l'autre côté du ruisseau, le chemin est bien balisé, droit, longeant le ruisseau, un long mur de pierres qui accompagne notre avancée. Grégoire aime nous parler de son bois, de son approche pratique, de ses variantes de parcours

Il le fréquente de longue date, est arrivé dans le coin en 1994, quittant Nîmes pour l’hôpital ici, était chirurgien. Maintenant, il fait encore la navette avec Paris, il finira par déménager définitivement pour Paimpol.

Le chemin nous conduit naturellement vers le point d'accès.... là, où il avait un camping. La prairie s'est élargie, ample, le Saint-Samson plonge sous les habitations pour ressortir de l'autre côté de la rue principale, discret, disparaissant en contrebas masqué par une végétation drue...