Octobre 2020 | ANNE-MARIE


Première rencontre avec une habitante native de la région

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En octobre 2020, des habitants des alentours étaient conviés à venir à l'Abbaye avec une photo, un souvenir, et partager, raconter Beauport. Anne-Marie était venue avec un conte : « Le secret de l’Abbaye », il avait été écrit par les enfants du CE2 de l‘école publique de Kérity, en 1995. Son fils avait participé à l‘écriture. Anne-Marie avait fait part avec émotion de cette époque où les enfants avaient pu profiter de cette école « entre les bois du domaine et la mer ». Cette école est fermée maintenant...

Lors de cette rencontre d’octobre, par l‘intermédiaire de Françoise Lemoine, la directrice de l’Abbaye, j’ai sollicité Anne-Marie, lui proposant de faire une ballade sur le domaine pour me raconter, me montrer, et faire-part de ses usages. Il s'agissait aussi de faire émerger des sensations et des ressentis, en somme, un rapport sensible à ces (mi)lieux...


Retrouver Anne-Marie Le Marec, vers 10h à l'Abbaye, mardi 13 octobre 2020.

Sommes descendus vers la plage de l’Abbaye (j’apprends qu’avant, les natifs de Kérity l’appelaient Cruckin ), Anne-Marie me raconte des souvenirs. En avançant vers Cruckin, curieux, me prend l'envie de voir la passage dans la digue, celui fait par « les baigneuses », un endroit dont j'ai entendu parler à plusieurs reprises... L'ouverture est somme toute discrète, je me prends à imaginer. 

Et puis, monter sur « l’île aux vipères » comme l'appelle Anne-Marie (nommée le plus souvent « la colline »), elle me montre la vue de là, la baie : le Mez Goëlo, Guilben, l’île Blanche… « La lumière, la marée, ça change tout le temps ». Je comprends bien que des enfants aient pu s'amuser là, une vraie robinsonade cette colline... 

Anne-Marie veut me montrer en allant un peu plus loin... juste pour voir, même si ce n’est plus Beauport : Poulafret, la plage, les oiseaux... Laisser pointer la nostalgie, le souvenir des enfants quand ils étaient petits, et leur bonheur de fréquenter un tel endroit. En arrivant à Poulafret, un plan d'eau sur lequel vaquent des canards, sommes dépassés par un coureur, puis deux, trois : des jeunes... On les voit tourner autour de l'eau, s'arrêter près de leur entraineur, ou de leur professeur. J'aperçois une camionnette près d'une cale... sans doute celle qui sert à les transporter. Cet épisode me marque, il se mêle à notre conversation comme une animation de décor, quelque chose d'un peu décalé... nous marchant tranquillement, eux, essoufflés par l'effort : contraste.

Sur le retour, passer devant l’école, important pour Anne-Marie de montrer l’endroit pour saisir combien les enfants étaient proches de la mer, de la plage juste plus bas, où les enseignants les amenaient, et au moment particulier des grandes marées, en septembre... Mais elle évoque tout aussitôt la proximité du bois, de l’autre côté, à l'arrière plan, avec d'autres lieux de découverte, des milieux si différents… Je commence à saisir ce que Anne-Marie veut me faire sentir, pour le kéritien, la mer et le bois sont les deux faces d'une même pièce.

Retour à l'Abbaye, fin de la sortie, doit être vers 11:30.